Lorsque les réfugiés s’appelaient des huguenots
Lorsque les réfugiés s’appelaient des huguenots
« Beaucoup de réfugiés arrivent dans un grand état de fatigue, démunis, ayant tout abandonné dans leur fuite précipitée ou s'étant fait voler par des passeurs. Des Etats cherchent à accueillir les réfugiés et à les attirer, conscients des avantages économiques qu'ils peuvent tirer de ces exilés. » (1)
Des réfugiés démunis et épuisés d’hier et d’aujourd’hui
Non, la citation ne date pas d'aujourd'hui, le flot des réfugiés dont on parle ici, ne vient ni du Proche Orient, ni d'Afrique : nous sommes en 1685, les réfugiés démunis et épuisés viennent de France. C’est à cause de leur religion qu’ils se mettent en route pour l’Angleterre, la Hollande, la Suisse ou l’Allemagne. Ils doivent quitter leur pays car Louis XIV leur a interdit de pratiquer leur religion, d’être protestants. On nomme ces réfugiés les huguenots.
L’accueil des réfugiés huguenots
Comment a été accueilli ce grand nombre de réfugiés vu qu’ils représentaient un cinquième de la population berlinoise de 1700 ? Une bonne partie des huguenots appartient à une classe sociale „supérieure“ : Ceux qui n’ont pas de moyens, n’ont pas le droit de quitter la France. C’est une des raisons pour lesquelles on ne trouve que peu de paysans parmi les réfugiés, mais surtout des nobles, des artisans, des commerçants. Ils ont perdu leur fortune, mais possèdent un savoir-faire. Ils vont bientôt être convoités par les souverains de l’époque pour parer aux ravages de la guerre de Trente Ans (de 1618 à 1648).
L’Édit de Potsdam propose un avenir aux huguenots
En 1685, le Grand Électeur Frédéric-Guillaume Premier de Hohenzollern fait rédiger en français l’Édit de Potsdam. Ce dernier promettait aux huguenots « une retraite sûre et libre dans toutes les terres et provinces » du Brandebourg-Prusse en leur accordant non seulement les mêmes droits qu’aux Allemands mais en plus, des privilèges matériels tels que l’exonération d’impôt ou la gratuité des logements. Les huguenots sont les bienvenus dans ce pays détruit et dépeuplé pour aider à la reconstruction.
Les huguenots ne sont pas toujours accueillis à bras ouverts
La population du Brandebourg et de Berlin, qui ressent ces faveurs comme des injustices, ne se montre pas toujours aussi bienveillante envers les réfugiés. La langue et la culture françaises sont parfois mal vues, de même que leur confession. En effet, bien qu’étant tous protestants, les huguenots sont calvinistes alors que la grande majorité de la population est luthérienne. Des attaques, des incendies contre leurs biens se produisent régulièrement. Mais les huguenots sont sous la protection du Grand Électeur.
Cela va prendre des décennies pour que les huguenots soient complètement intégrés à la population locale. On ne les reconnaîtra plus qu’à leurs noms aux sonorités françaises. En tous cas, les réfugiés huguenots ont été un enrichissement pour l’Allemagne !
Texte : La rédaction
Dessins : Félix & Léon
Texte, dessins et photos © Grand méchant loup | Böser Wolf
Citation (1) : Les Protestants dans la France moderne, Didier Boisson, Hugues Daussy, p.236
Sources : CNRS, Le Refuge huguenot en Allemagne, Paris, 1981
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